Vous devez absolument créer une maison de santé. Non, plutôt une CPTS. Et si vous vous impliquiez dans le PAERPA ? Depuis plusieurs années, les notions de coordination, coopération ou encore parcours se sont progressivement imposées. Cela n’a pas dû vous échapper. Les lois et les expérimentations s’enchaînent, marquant la nécessité de faire évoluer notre système de santé. Les modes d’organisations et de financements se multiplient, faisant de la coordination pluriprofessionnelle le fer de lance d’un nouveau modèle, adapté aux besoins tant de la population que des professionnels de santé. Mais quelle est la meilleure organisation pour coordonner vos prises en charge ?
La coordination, une réponse aux évolutions de santé ?
On ne cesse de le dire, et vous en êtes conscients, notre système de santé actuel, construit sur une approche pluraliste, cloisonnée et hiérarchique de l’offre de soins, est devenu un modèle obsolète. En causes notamment :
- le vieillissement de la population,
- l’augmentation des maladies chroniques,
- les aspirations des nouvelles générations : ne plus exercer seuls, être formés autrement et mieux concilier vie professionnelle et vie privée,
- les inégalités d’accès aux soins, entraînant des difficultés à accéder à un médecin rapidement et contraignant à se rendre aux urgences…
Face à ces enjeux, les modes d’exercice sont repensés pour construire un véritable « cercle de soins » autour du patient. Que l’on appelle bien souvent un parcours coordonné, entre les professionnels de santé de premier recours, l’hôpital et le médicosocial.
A la clé :
- les bonnes ressources sur le territoire sont mobilisées, lisibles et visibles tant pour le patient que pour le soignant,
- les ruptures sont évitées,
- nous disons adieu à une logique de silos,
- les soins sont accessibles à tous,
- la prévention est favorisée,
- le recours aux urgences et les journées d’hospitalisation sont réduits,
- le retour et le maintien à domicile sont facilités,
- le patient est acteur de sa santé,
- le temps soignant est mobilisé là où il s’avère le plus nécessaire.
Si beaucoup d’initiatives font figure d’exemple, leur généralisation peut se heurter à des freins : financements, organisations multiples, ou liés à l’humain (manque d’interconnaissance, de langage commun, peur du changement).
Où donner de la tête parmi la pluralité des modes d’exercice coordonnés ?
Depuis une décennie, les politiques s’emparent de ces problématiques.
1000 CPTS, 2000 structures d’exercice coordonné conventionnées dans les 5 ans, création de financements au forfait… « L’exercice isolé doit devenir l’exception à l’horizon 2022 », Ma Santé 2022 annonce la couleur.
Maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), équipes de soins primaires (ESP), communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), plateformes territoriales d’appui (PTA)… Mais aussi les parcours pilotes PAERPA, le service de retour à domicile PRADO et dernièrement l’expérimentation pour la forfaitisation au temps passé auprès des patients pour les soins infirmiers à domicile… Les organisations, méthodes et dispositifs (et acronymes, on vous le concède) sont nombreux pour coordonner les prises en charge. Ils s’adressent à une population spécifique ou à un segment, ou encore à une pathologie particulière. Ils conduisent nécessairement à l’émergence de nouvelles compétences professionnelles et de nouveaux métiers.
Ces modes d’exercice sont perçus comme un moyen de réorganiser les soins en parcours de santé, englobant également la prévention et l’accompagnement des patients et usagers. Ils sont aussi un moyen de maintenir une offre de soins de qualité, notamment autour des pathologies chroniques, et de lutter contre l’inégalité d’accessibilité aux soins.
Cependant, il n’y a pas de meilleure alternative. La meilleure organisation sera celle que vous initierez sur votre territoire, en fonction de vos besoins. Peu importe le modèle, la structure juridique ou le système d’information choisi. Ils ne sont que des moyens au service de vos pratiques professionnelles quotidiennes et au bénéfice de vos patients.
Finalement, qu’est-ce que la coordination ?
La coordination « n’est qu’une simple » affaire d’organisation et de communication.
Elle organise les interventions des acteurs du soin, du médicosocial, du social et de la prévention, autour de populations – notamment complexes – dont les besoins ne peuvent se résumer au seul domaine médical.
Ces différents acteurs interagissent et partagent les informations nécessaires au bon déroulement et suivi des prises en charge.
La coordination repose essentiellement sur la volonté des acteurs de santé de travailler ensemble et de mutualiser leurs compétences, afin d’améliorer les prises en charge et leurs conditions d’exercice.
Elle vise à délivrer les bons services aux bons patients, aux bons moments et par les bons professionnels de santé, disposant des bonnes informations.
Comment se coordonner ? A vous de jouer !
Vous ne vous coordonnerez pas parfaitement du jour au lendemain. Progressivité est le maître mot.
Commencez par connaître votre voisin, qu’il soit médecin, infirmier, masseur-kinésithérapeute, pharmacien… Découvrez qui il est, ce qu’il fait que vous ignorez, et créez des liens. Ce que vous ne savez ou ne pouvez pas faire, quelqu’un d’autre le fait forcément.
Partagez de l’information, communiquez. Définissez les outils qui vous conviennent, ils existent. Testez, mais allez toujours au plus simple.
Choisissez une pathologie autour de laquelle il vous semble plus aisé d’améliorer la prise en charge, de façon coordonnée.
Commencez petit : 4 professionnels, puis 10, puis 20, pour constituer ainsi une équipe de soins primaires. Puis rapprochez-vous des professionnels hospitaliers, et ensuite des acteurs médicosociaux, ou inversement.
Entourez-vous. De professionnels de santé, de consultants, d’institutionnels, de politiques, si cela vous est nécessaire. Faites de la veille, sur Twitter ou grâce à des revues professionnelles. Allez à des événements qui vous sont bénéfiques.
Ne prenez pas peur face à l’apparition de nouvelles organisations. C’est à vous, professionnels de santé, de mettre en place une organisation qui vous convient pour assurer la prise en charge coordonnée de vos patients.
On ne peut le nier, seules des (r)évolutions organisationnelles permettront à notre système de santé de s’adapter aux besoins des populations et des professionnels de santé.
Mais, peu importe le modèle que vous adoptez, placez toujours le patient au cœur de vos prises en charge, et communiquez. Développez un exercice coordonné, centré sur les besoins de santé. Construisez.
Alors oui, cela nécessite un investissement humain pour mettre en place le changement, mais à la clé :
- vous optimiserez votre temps de travail, et notamment votre productivité,
- vous améliorerez vos conditions d’exercice,
- vous assurerez une continuité et une qualité dans vos prises en charge.
Au bénéfice du patient, et au vôtre aussi.
Tout à fait d’accord avec cet article mais attention à ne pas multiplier à l’excès les modèles et outils organisanisationnels car on reviendrait alors au point de départ actuel.Trop de liberté tue la liberté!