On vous en parlait en février 2020 (oui, ça commence à dater) : une expérimentation devait être lancée pour remédier à “la crise des urgences”, par une réorientation de celles-ci vers la médecine de ville. Un arrêté, paru le 3 janvier 2020, fixait l’expérimentation d’un forfait de réorientation des patients aux urgences. Mais, la crise sanitaire est passée par là.
Un an et quelques mois plus tard, c’est officiel : la réorientation des urgences, c’est pour maintenant ! Profitez de ce dispositif pour co-construire une solution de soins non programmés qui vous convient.
La réorientation des urgences, de quoi parle-t-on ?
À l’origine, en 2019, le gouvernement annonçait le “Pacte de refondation des urgences”. Il comprenait 12 mesures, parmi lesquelles la réorientation des patients vers la médecine de ville.
Le but ?
- Désengorger les services d’urgences, ralentir l’évolution constante du nombre de passages aux urgences et ainsi diminuer la tension et la charge de travail.
- Pour les patient.es, c’est une attente et une situation stressante en moins. Le parcours de soins est mieux adapté.
Début 2020, une expérimentation devait voir le jour. Une trentaine de services d’urgences pouvaient se porter volontaires pour proposer une organisation, en collaboration avec les soins de ville. L’occasion aussi de mettre en place une coordination concrète entre l’hôpital et la ville.
Mais la Covid-19 a mis à mal ce projet.
L’expérimentation de réorientation des urgences est (re)lancée !
En ce début d’année 2021, l’expérimentation est relancée. Même si la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 est toujours aussi grave. Et d’ailleurs, parce qu’elle l’est, la réorganisation des urgences n’a jamais été autant d’actualité qu’aujourd’hui.
La crise sanitaire a certes perturbé de nombreux chantiers, mais elle a aussi fait surgir de nouvelles problématiques mettant en évidence la pertinence d’une coordination ville hôpital bien pensée.
Le 23 février dernier, un nouvel arrêté a donc lancé l’expérimentation du forfait de réorientation des patients des services d’urgences vers la médecine de ville. Et ce pour 2 ans à compter du 1er mai 2021.
Cet arrêté fixe le cahier des charges de l’expérimentation et la liste des établissements de santé expérimentateurs. En effet, les ARS ont sélectionné 36 structures, qui ont soumis un projet.
Objectif ?
- 5 à 10% des patient.es sont réorientés (dont le passage n’est pas suivi d’une hospitalisation), quand leur état de santé ne nécessite pas une prise en charge dans les services d’urgences. Pour les 36 établissements, cela représente entre 54 000 et 108 000 patient.es par an.
- Au moins 70% de ces consultations réorientées sont honorées par les patient.es.
Réorienter les urgences, oui mais vers qui et comment ?
C’est aux urgences hospitalières que revient le rôle de juger le degré d’urgence, la priorité de la pathologie et si le médecin de ville peut en assurer la prise en charge.
Les services d’urgences hospitalières peuvent réorienter les patient.es vers :
- Une structure de soins dans l’enceinte de l’hôpital ou à proximité, auprès de laquelle les patient.es peuvent avoir accès directement pour des soins non programmés. Une communication forte de cette possibilité est donc un enjeu important pour les hôpitaux.
- Une consultation de ville : praticien de ville exerçant en cabinet, en maison de santé ou au sein d’une maison médicale de garde, ou encore en visite à domicile.
Bien sûr, le (la) patient.e peut refuser cette réorientation.
Durant les 2 ans d’expérimentation, les urgentistes et les médecins de ville travaillent de concert pour proposer une organisation efficace.
- Construire un processus concret, basé sur un questionnaire de réorientation, la formation des professionnel.les et la prise de décision par un médecin urgentiste senior
- Définir les modalités de réorientation et les informations indispensables à transmettre au médecin de ville
- Communiquer les plages de consultations disponibles en ville et leurs modalités d’accès pour l’hôpital
- Suivre et piloter l’expérimentation
Une convention lie les services d’urgences et les professionnel.les de santé des territoires.
Même si cette expérimentation vise à penser une nouvelle organisation des urgences et des soins non programmés, des outils existent déjà.
L’enjeu réside dans une bonne communication entre les services d’urgences et la médecine de ville. L’objectif est de pouvoir :
- Solliciter les médecins de ville pour réorienter les patient.es
- Se transmettre des informations et comptes rendus de façon sécurisée
- Suivre les files actives de patient.es
Améliorer la communication et la coordination entre professionnel.les de santé, c’est la mission que nous nous sommes donnée en créant Entr’Actes. En sollicitant rapidement les professionnel.les de santé du territoire, on évite le recours par défaut aux urgences pour des patient.es dont l’état de santé ne le nécessite pas.
Nous avons d’ailleurs pu accompagner des établissements expérimentateurs du dispositif.
Dans certains établissements partenaires, un.e infirmier.e d’orientation des urgences peut solliciter l’éventuel médecin traitant ou, à défaut, un médecin à proximité du ou de la patient.e, via la plateforme Entr’Actes. Bien sûr, avec l’accord du (de la) patient.e et pour des motifs de consultation compatibles.
Si le médecin répond favorablement à la sollicitation, l’infirmier.e d’orientation invite le (la) patient.e à se rendre au cabinet ou à retourner chez lui (elle) pour une visite à domicile.
La traçabilité du parcours patient est assurée par la plateforme Entr’Actes. L’infirmier.e d’orientation y trouve d’ailleurs les coordonnées du médecin et les horodatages de la prise en charge effective. Il ou elle peut également transmettre au médecin des éléments déjà recueillis, telle qu’une biologie.
Aussi, pour limiter les passages multiples aux urgences pour un suivi de soins (pansement, sonde, etc.), Entr’Actes permet de réorienter les patient.es vers une prise en charge par des infirmier.es de ville.
De plus, nous accompagnons également :
- Les services d’urgences Covid pour réorienter les patient.es vers des médecins et infirmier.es de ville
- Des territoires préconfigurateurs des Services d’Accès aux Soins (SAS), notamment dans le Grand Est
- Le dispositif national de la CNAM et les infirmier.es pour le suivi des patient.es Covid+ à domicile
Entr’Actes a donc un rôle primordial à jouer dans cette expérimentation de réorientation des urgences.
Co-construisez la réorganisation des urgences
Certes, cette expérimentation a pour objectif de réorganiser les services d’urgences hospitalières, mais elle impacte aussi l’organisation des soins de ville.
En tant que professionnel.les de santé de ville, vous avez vous aussi un rôle primordial à jouer. Profitez de cette opportunité pour co-construire une solution de soins non programmés qui vous convient.
Soyez pro-actif : rapprochez-vous du service d’urgences de votre territoire, s’il a été retenu pour cette expérimentation. La liste figure dans l’annexe 2 de l’arrêté.
Tout l’intérêt est d’utiliser un outil de réorientation qui convient à votre pratique. Prenez la main ;).
Quelle facturation ?
Un forfait de réorientation, d’un montant de 60€, est versé aux urgences. Les majorations jours fériés et nuit s’appliquent.
Toutefois, ce forfait est perçu uniquement pour les patient.es qui se présentent spontanément dans un service d’urgences – et non pour ceux et celles qui accèdent librement et directement dans un autre service de soin de l’établissement. Bien sûr, l’établissement ne doit pas systématiser le passage par le service des urgences.
Les médecins de ville ne peuvent pas facturer la majoration d’urgence en plus de la consultation et/ou des actes réalisés.
Le ou la patient.e est exonéré.e de reste à charge sur le forfait de réorientation.